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Consentement au Théâtre Jean-Duceppe

Le Théâtre Jean-Duceppe présente jusqu'au 2 février 2019 une pièce coup de poing signée Nina Raine : Consentement.

Un an après le mouvement #metoo #moiaussi #balancetonporc, la pièce - pourtant écrite quelques temps avant la déferlante d'accusations - revient intelligemment sur la notion de consentement, en plaçant le public tour à tour dans la peau du témoin, du juge et de la victime.

 

L'histoire

Une soirée banale entre deux couples d'amis avocats. Ils échangent avec humour et sarcasme sur les affaires qu'ils défendent, dont une histoire de viol. Les victimes de viol qui n'ont aucune chance devant la logique implacable de la justice les font rire. Pour eux le Droit est juste, rationnel et l'empathie un péché. Quoi qu'il en soit, ces affaires ne sont que des dossiers, qui sont on ne plus éloignés de leurs réalités individuelles.

Mais lorsque leurs vies personnelles vont connaître des bas, avec des histoires d'adultère, de pardon et d'accusation de viol, leur vision des choses va totalement être bouleversée. La notion nébuleuse de consentement est alors au cœur du débat.


Témoin, juge et victime

La dramaturge britannique Nina Raine livre une pièce intelligente, ciselée par des dialogues parfois comiques, mais le plus souvent saisissants.

D'un côté les deux avocats - Patrice Robitaille et David Savard - choquent avec leur indifférence à la souffrance des victimes. Leur conversation crue crée un malaise général dans le public.

D'un autre côté, le récit d'une victime - Marie Bernier - confrontée à un système judiciaire froid qui ne fait qu'appliquer la loi sans état d'âme. Comment ne pas être bouleversé par cette distorsion entre droit et justice?

Et enfin, le retournement de situation qui va faire que les protagonistes vont perdre tous leurs repères. Qu'est-ce que la justice sans empathie?


Une pièce qui interpelle

La force du texte et du propos sont indéniables. C'est percutant, c'est choquant, c'est engagé. Je comprends le succès de la pièce dès sa sortie à Londres en 2017.

Le texte de Nina Raine est porté par le jeu impeccable des comédiens. Tous campent parfaitement leur rôle, loin d'être pourtant faciles, mais c'est Marie Bernier qui m'a particulièrement touché avec son interprétation juste d'une victime.

Pour finir, j'ajouterais que la mise en scène de Frédéric Blanchette est très astucieuse, car elle laisse toute la place au propos.


Voilà une pièce ultra-contemporaine qui ne peut que résonner dans le cœur du public.


Jusqu'au 2 février 2019
Texte : Nina Raine
Traduction : Fanny Britt
Mise en scène : Frédéric Blanchette
Avec : Anne-Élisabeth Bossé, Patrice Robitaille,
Marie Bernier, Véronique Côté, David Savard,
Mani Soleymanlou, Cynthia Wu-Maheux

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