Voici une pièce dont je me souviendrai longtemps : Mama de l'autrice Nathalie Doummar présentée au théâtre Duceppe.
Au Québec, le patriarche de cette famille d'origine égyptienne, Marco, vit ses dernières heures. À son chevet, 12 femmes - ses filles, petites-filles et belle-sœur - se relaient. Alors que la délivrance se fait attendre encore et encore, la vie continue malgré tout dans la chambre grâce aux échanges entre ces femmes de trois générations différentes. Des confidences seront faites, des secrets révélés, des reproches assénés mais le clan n'implosera pas, car l'amour familial est aussi solide que le roc.
Parmi les personnages, on retrouve notamment la grand-mère Nana la bienveillante, la tante Mado qui a une passion pour les médicaments, la belle-sœur Joséphine qui alterne entre français et anglais en permanence, la petite-fille Sarah qui aura un choix important à faire ou l'autre petite-fille Diane dont le divorce et la courte aventure lesbienne auront bouleversé la famille entière. Cet éventail de personnalités, dépeint de manière subtile, donne beaucoup de profondeur à cette création originale, grâce à des dialogues on ne peut plus justes.
La dramaturge signe ici un texte magnifique, tout comme elle l'avait fait avec L'amour est un dumpling. Empreint d'humour et d'une grande sensibilité, le texte transporte le spectateur, qui ne peut retenir rires et larmes. En allant creuser dans l'intimité des personnages, Nathalie Doummar raconte l'universel.
Parmi les forces de cette pièce, il y a sans aucun doute le jeu habile de chacune des comédiennes, mais surtout la force des sujets abordés, qui vont du difficile équilibre à trouver entre culture d'origine et culture du pays d'adoption pour des émigrés, la violence ou encore la déception amoureuse.
Crédit : Théâtre Duceppe
À noter que la mise en scène est remarquable, avec notamment l'idée ingénieuse d'un gigantesque miroir au-dessus de la scène, miroir sur lequel sont projetées diverses images symbolisant, entre autres, le temps qui passe, et donc la mort de Marco qui approche.
Mama est un véritable bijou de théâtre qu'il ne faut rater sous aucun prétexte.
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